[DOSSIER 1/3] Grand-âge : indispensables aidants
Les proches aidants jouent un rôle prépondérant dans l’adaptation de la société au vieillissement. Mais gare à l’épuisement. Le Département se pose en soutien.
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Ils sont des milliers. Et peut-être faites-vous partie du nombre. Tenus d’assister un proche (parent, conjoint, ami, voisin) dans la répétition de gestes familiers et quotidiens. Aidants, donc. Leur dévouement, parce qu’intangible, ne fait l’objet, dans la Loire, d’aucune donnée chiffrée. On en appelle, à défaut, aux grandes tendances nationales. Selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), un adulte sur six serait aujourd’hui concerné. Mais ces légions pourraient encore forcir à l’horizon 2030 alors que les « boomers » auront atteint le seuil des 80 printemps.
Impossible de penser le maintien à domicile sans le soutien de ces anonymes. Le défi est de taille : prévenir leur propre épuisement pour éviter qu’ils ne deviennent eux-mêmes dépendants. « C’est ce cycle-là qu’il nous faut briser », déclare Georges Maguerez chargé, au sein du Département, d’élaborer un nouveau Schéma de l’autonomie. Comment ? « Par de la formation, des conseils ».
Un guichet unique
La collectivité a conventionné avec l’association DanaeCare, désignée guichet unique d’accueil des aidants dans la Loire en 2022. Une enveloppe du Département lui permet de rémunérer deux postes, de psychologue et d’assistante sociale. « Nous sommes les seuls à prendre soin des aidants quelle que soit la pathologie de l’aidé », explique Isabelle Safar.
74 dossiers ont, dans le courant du premier semestre, mobilisé l’assistante sociale. « Mais il faut compter une vingtaine de nouvelles demandes par mois ». Les rencontres ont lieu dans son bureau, au château de Valbois (L’Étrat). Mais « l’Escale des aidants » se déplace aussi en milieu rural, à titre préventif. « Nous réorientons beaucoup vers nos partenaires ».
Sa collègue psychologue assure cinq consultations gratuites dès que nécessaire. Son agenda déborde de rendez-vous. « Avec le vieillissement de la population, les aidants se retrouvent en devoir d’accompagner 1, 2 ou 3 personnes. Or beaucoup sont encore dans l’emploi. Il leur faut gérer les conflits au travail et dans le cercle familial. Il y a un vrai besoin. »
En chiffres
128 000 Le nombre estimé d'aidants
dans la Loire 49 ans L'âge moyen des aidants en France.
37% ont entre 50 et 64 ans 25 204 Le nombre de bénéficiaires de l'APA (Allocation personnalisée d'autonomie)
Parole d'élue
Valérie Peysselon
conseillère départementale chargée des personnes âgées
« Le Département subventionne une vingtaine de structures dans la Loire spécialisées dans le conseil et l’information aux aidants auprès desquelles apprendre les bons gestes pour ne pas se fatiguer, échanger sur une difficulté… C’est essentiel. Car si penser à l’autre est important, il faut aussi savoir penser à soi. »
Parole de professionnel
" LES ACTIONS CONDUITES EN FAVEUR DES AIDANTS SONT CHAQUE ANNÉE PLUS NOMBREUSES "
Georges Maguerez
Chargé de mission Schéma autonomie
84 768 Ligériens ont aujourd’hui plus de 75 ans. Mais leur nombre va doubler dans les prochaines années. Les besoins d’accompagnement de la grande dépendance seront colossaux. Comment se préparer au raz-de-marée ?
Un nouveau Schéma autonomie est en cours d’écriture. Six orientations guideront nos actions jusqu’en 2028. Il s’agira d’accompagner le virage domiciliaire, de promouvoir l’offre d’habitat partagée, de répondre de manière efficace aux demandes d’ouvertures de droits, d’être attentif à toute forme de maltraitance. De soutenir aussi, bien sûr, les aidants. Les actions conduites en leur faveur sont chaque année plus nombreuses, incitées par le biais d’appels à projets ou gérées en propre par les associations.
Les solutions de répit sont elles suffisantes ?
Elles ne comblent qu’une partie des besoins car nombre d’aidants ne sont pas repérés. Institutions et services devront se montrer plus flexibles dans l’avenir afin de rendre l’offre accessible à tous. De nouvelles solutions restent à inventer. Mais cela ne pourra se faire sans une vision partagée de la perte d’autonomie.
Vous imaginez co-construire cette vision avec l’ensemble des Ligériens, usagers comme professionnels...
Nous allons convier cet hiver 500 habitants à travailler sur la question par le biais de visio-conférences. Ils discuteront, non pas des solutions et moyens à engager, mais des priorités à donner au modèle. L’idée est de bâtir une culture commune.
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