[DOSSIER 2/3] Relais de la flamme : hier, dans le feu de l'action

À lui, la course de demi-fond. À elle, le ski alpin. Antoine Vincendon et Michelle Colly furent parmi les privilégiés qui portèrent, en 1967, la flamme des Jeux de Grenoble. Souvenirs.

  

Ce contenu vous est proposé en lien avec l'association "Donne-moi tes yeux".

"Il faisait beau, ça sentait le Réveillon". De cette nuit aux parfums de cannelle, il revit encore chaque détail, chaque émotion. Un cliché en noir et blanc, tiré de son buffet, nous rend l’instant familier, quoi que vieux d’un demi-siècle. Choisi pour exhiber la flamme le 29 décembre 1967, Antoine Vincendon reçoit à Saint-Chamond la torche des mains d’un copain de la Grand’grange, Étienne Bonnefoy.

Pour la première fois dans l’histoire des jeux d’hiver, les organisateurs ont souhaité un relais long et festif (7 200 km, 5 000 porteurs).

Le 29 décembre au soir à Saint-Chamond

La flamme est entrée dans la Loire par la vallée du Gier. Il est 19 heures lorsqu’Antoine s’en empare rue de la République, flanqué d’une dizaine de jeunes de l’Entente athlétique.

La compagnie progresse au rythme de 3’20 ou 3’30 au kilomètre, sans risque d’essouffler ce spécialiste du 1 500 mètres, 17 sélections en équipe de France, passé à un cheveux des JO de Melbourne (« J’avais battu Michel Jazy deux fois début 1956 ! Et puis j’ai manqué les championnats… »)

À 37 ans, en 1967, Antoine Vincendon est encore champion de la Loire sur 400 mètres. Même s’il ne fréquente plus assidûment la piste (son temps est dédié à l’entraînement des jeunes), l’employé des Manufactures réunies de tresses et lacets conserve une forme… olympique. Les habitants assistent nombreux au spectacle ; les rues sont illuminées, les premiers rôles ont le regard fixe, concentré. À la montée, rue du Rivage, le Couramiaud baisse un peu le bras. C’est que la torche de cuivre pèse son poids.

Il s’en défait square Lamartine au profit de Claudius Rey, membre du Ski club. Alors que la flamme s’échappe en voiture par la côte de Langonand, les héros du jour se retrouvent derrière le zinc. « Pour fêter l’événement. Un peu comme pour la fin d’une épreuve. Ce n’est qu’après qu’est venu le sentiment de fierté », confie-t-il.

Le 31 décembre au matin à Chalmazel

Le 31 au matin, la flamme est à Chalmazel. À cette altitude, les relayeurs doivent composer avec le manteau neigeux. Toute jeune skieuse, Michelle Colly a fait le voyage depuis Chazelles-sur-Lyon mais progresse ici en terrain connu ; c’est dans le Forez que son oncle, président du club, a coutume d’emmener les ados pour leur inculquer l’art de la glisse. Christian Marcoux (futur moniteur de l’ESF) a profité d’une permission pour se joindre au cortège. Les fuseaux noirs font bloc jusqu’au téléski de Chapouilloux. Porté à la cîme par André Combreas, le symbole de l’olympisme accède là à l’une des plus belles vues du département.

Version imprimable - Nouvelle fenêtre Envoyer à un ami Haut de page :