Un exceptionnel sentier de mémoire

Un replat dans le vallon, une saignée dans la campagne : ici passait le monorail construit au XIX^e siècle entre Feurs et Panissières.

On connaît bien, dans les Collines du matin, l’histoire de cette voie ferrée mise au point par Charles Lartigue à la demande des tisseurs panissiérois (la ville était alors spécialisée dans la soierie). Drôle d’infrastructure pensée sur 16,8 kilomètres pour deux locomotives, cinq voitures, trois fourgons postaux et 13 wagons qui ne vit jamais passer que deux convois : celui du 20 août 1895 (sujet d’un déraillement) et du 14 août 1896 (resté en rade à 10 km de Feurs, la locomotive ne produisant pas assez de vapeur).

Sûr que le destin de cet ouvrage fut malheureux : déclassé avant même d’avoir goûté à l’ivresse de la vitesse, entièrement démonté en 1902 au profit d’un ferrailleur.

Les piles de pont, rongées par la végétation, demeurent dans la campagne. On imagine, sur les 26 kilomètres du « Sentier du monorail », ce que devaient être les défis techniques de l’entreprise : chevalets en A, pente moyenne de 2,5 %, recours à la dynamite. Et l’on s’amuse, chemin faisant, à fouiller le paysage en quête de ruines… bien aidés par quelques panneaux d’information.

La balade ne manque pas d’attrait, y compris pour les plus jeunes : passerelles jetées en travers de fosses et cours d’eau (on longe le cours de la Charpassonne), arbre remarquable, aire de pique-nique… À ne pas rater sur le trajet : le moulin Roche, les stigmates de la gare de Cottance et le magnifique site médiéval de Donzy.