Des femmes aux doigts d'or

Un soldat bien vêtu est un soldat victorieux. C’est fortes de cette conviction toute napoléonienne que naissent, au XIX^e, de nouvelles entreprises textiles. Alors que l’Empereur exige en 1812 de meilleurs uniformes pour ses armées, on installe à Paris maîtres tailleurs et couturiers spécialisés dans le travail de la cannetille. Les tenues militaires se parent de fil d’or.

Jeunes filles au pair, les soeurs Chauvel font valoir en 1860 leur intérêt pour la broderie. Rentrées au pays (à Saint-Julien-la-Vêtre), elles sont les premières, en 1870, à proposer leurs services depuis le Nétrablais. Des centaines de femmes se glissent bientôt dans leurs sabots. Employées à domicile pour le compte de fabriques, oeuvrant de jour comme de nuit, en marge de corvées agricoles et ménagères. Leurs travaux d’aiguilles sont variés mais il est un motif plus répandu que les autres : la grenade. Si bien qu’en Forez, les ouvrières prennent le nom de grenadières.

Deux conflits mondiaux, le développement de l’aviation et des Postes, font leurs affaires : les commandes avoisinent parfois les 10 000 écussons.
Et puis la mécanisation, l’Asie, le plastique précipitent leur déclin. La dernière grenadière rend en 2012 son tablier. Élevé à Cervières, un musée leur rend hommage. Mieux : se propose d’initier le public aux gestes d’autrefois. À tester chaque troisième samedi du mois. L’artisanat d’art se prête également à la démonstration.