Le monastère devenu village

Carottes et poireaux poussent droit sous les fortifications. Le bureau du maire, aménagé dans l’ancienne cour des frères, a vue sur les potagers. Deux siècles que les institutions républicaines ont ici remplacé les robes de bure, chassées par la Révolution. 65 Cartusiens occupent à l’année le coeur de l’historique chartreuse mais ils sont bien plus nombreux en réalité -habitant les hauteurs- à dépendre de la petite école communale : 494 exactement selon les derniers chiffres du recensement. Les cris des maternelles emplissent l’air ambiant. Étonnant comme l’ancien promenoir, dévolu à la prière et au silence, respire désormais la vie.

Si certains espaces se prêtent à la visite (un ermitage, l’église médiévale, l’ancienne cuisine et l’ancienne hostellerie, préservées grâce à l’association de Sauvegarde), on n’a jamais vraiment songé, en ce coin du Pilat, à mettre le site sous cloche. « Sainte-Croix reste un village avant tout : un lieu animé avec un comité des fêtes, un club de foot, deux associations culture, loisirs, et jeunesse et une belle économie agricole. Quand j’étais gamin, le centre-bourg était occupé par les vaches », se souvient Daniel Torgues, premier édile dont le grand-père dirigeait déjà, en 1945, les affaires de la localité.

La commune compte encore 13 exploitations (essentiellement disséminées dans les hameaux) mais salons de jardin et balançoires ont détrôné sur les perrons tas de fumier et bottes de paille. Il faut dire que Sainte-Croix a depuis été classée : au titre des Monuments protégés et des Plus beaux villages de France^®. 60 000 visiteurs en apprécient le charme et l’apparente quiétude chaque année.